Bien qu'elle soit éloignée maintenant, tu dois sûrement conserver une étrange impression de notre dernière conversation. Je te l'accorde, les demandes alors formulées étaient et pouvaient paraître très, disons, inédites.
Si ce n'est que cela, oublie. Oublie pourquoi je veux te revoir, oublie de quelle façon pathologique ta présence m'aiderait à me retrouver, oublie que toutes ces années je t'ai eu quelquefois en pensée. Je semble par mes paroles
plaidoyer en folie mais sache que je n'ai jamais été aussi lucide. Tu te demandes pourquoi mon choix s'est porté sur ta personne. Je ne saurais vraiment l'expliquer. Je me souviens d'une jeune fille blonde et intelligente, triste et cultivé, seule auprès d'amies. Je me trompe peut être, mais du peu de temps que j'ai pu te côtoyer, ce sont les impressions qui me sont restées. J'étais sous le charme d'une pléiade d'adjectifs antagonistes te dessinant. Charmé à la manière d'une étoile qui brillerait seule dans un ciel d'une obscure bleuté. Pardonne mes frasques pseudo-littéraires, j'ai toujours eu du mal à décrire mes impressions.
Pas mal d'années ce sont écoulées maintenant. Tu as dû beaucoup changé. Je l'ai fait. Pourtant je suis certain qu'il te reste de cette essence qui te définissait. Quand bien même tu ne serais plus la même. J'aimerais savoir, qu'est devenue cette jeune personne. 
 
   

Catégories : Le malade épistolaire
Je n'ai pas lu Rimbaud - Hans Lucas
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